Motivés ou bien formés ? Les recruteurs préfèrent les premiers
Diplômés, compétents, disponibles… Et si ce n’était pas l’essentiel ? C’est ce qui ressort d’un rapport du réseau « Emplois compétences »*.
Pour le rapporteur de l’étude du réseau « Emplois compétences », Morad Ben Mezian, « le niveau et la spécialité de formation ne sont pas toujours le premier critère de recrutement des entreprises. Avec d’importantes variations selon les métiers, les secteurs ou les territoires, ces entreprises tendent à privilégier l’expérience et la motivation comme indicateur de la capacité des candidats à satisfaire aux exigences d’un poste. »
Une observation qui, du coup, change la donne de la recherche d’emploi. Les difficultés de recrutement viendrait plutôt de la capacité des employeurs à identifier celle des candidats. « En améliorant en amont la gestion des ressources humaines, il deviendrait dès lors possible d’améliorer in fine l’impact de la formation sur le retour à l’emploi. » souligne le rapporteur.
Polyvalence et capacité d’adaptation
D’après une étude de Pôle emploi, seulement 46 % des entreprises font de la formation leur premier critère de sélection lors des recrutements, contre 60 % pour l’expérience professionnelle ou 64 % pour des compétences transversales comme la polyvalence ou la capacité d’adaptation.
Le diplôme est important, certes, 9 recruteurs sur 10 vérifient, d’ailleurs, la réalité des diplômes mis en avant par le candidat selon l’APEC. Mais il l’est plus pour pouvoir « quantifier » des ressources moins « objectives » : motivation, autonomie, capacité d’initiative… Qui sont majoritairement demandées par les recruteurs.
L’importance du réseau
Autre pierre à l’édifice : le réseau relationnel. Il demeure un levier important dans l’accès à l’emploi. Selon l’association pour l’emploi des cadres (APEC), dans un recrutement sur trois, le candidat recruté in fine était connu de l’entreprise au début du processus de recrutement ou recommandé par un tiers. Cette utilisation du « réseau » est d’autant plus prégnante dans les petites entreprises. Là encore, c’est une façon de se rassurer sur le futur employé.
Besoin de plus de RH
Selon Morad Ben Mezian, le déficit de gestion des ressources humaines des entreprises joue un rôle déterminant dans le retard de la France pour mettre en place un modèle de la compétence. Dans un contexte où les employeurs ont du mal à anticiper leurs besoins de compétences et à les objectiver, leurs choix se reportent sur des critères « signaux » qui peuvent être discriminatoires comme le diplôme ou la personnalité. Depuis 2016, l’Etat aide les entreprises par le biais du financement d’un conseil en ressources humaines.
* Réseau d’observation et de prospective des emplois et des compétences réunissant des représentants de l’État, des partenaires sociaux, des régions, des observatoires de branches, des des organismes producteurs de travaux d’observation et de prospective (Pôle emploi, DGEFP, Dares, Onisep, Inter CARIF-OREF…).
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