L’intervention de l’intelligence artificielle dans le recrutement

Avec l’émergence des nouvelles technologies, l’intelligence artificielle se développe afin d’occuper une place de plus en plus conséquente dans notre quotidien. Le secteur du recrutement ne fait pas exception puisque selon une étude de l’Apec  27% des entreprises possèderaient des progiciels capables de lire les CV. Mais elle ne s’arrête pas là. L’innovation est au cœur de l’intelligence artificielle et propose aux entreprises de nouvelles méthodes de recrutement.

L’intelligence artificielle dans le recrutement, une arme secrète en développement ?

Le développement des nouvelles technologies a entrainé une évolution des méthodes de recrutement. Il n’est plus question de poster une annonce et d’en attendre les résultats. Désormais, les recruteurs doivent prêter attention au parcours du candidat durant toutes les étapes du recrutement en passant par les sites carrières et les processus de candidature. Ces nouvelles méthodes nécessitent l’utilisation de logiciels avec des algorithmes générés par l’intelligence artificielle.

D’après l’étude LinkedIn Global Recruiting Trends 2018 l’intelligence artificielle occuperait une place prépondérante dans le processus de recrutement. 76% des recruteurs sondés estiment que l’impact de cette dernière dans le secteur des ressources humaines sera important.

Certaines entreprises l’utilisent déjà afin d’analyser les CV et les lettres de motivation des candidats en recherche d’emploi. Pour eux il s’agit de gagner du temps sur le processus de recrutement. Pour d’autres c’est également le moyen de trier les CV pour ne faire ressortir que les meilleurs d’entre eux et ainsi limiter le biais humain.

Les recruteurs sont 39% à souhaiter utiliser l’intelligence artificielle pour la recherche de candidats, mais seulement 14 % le font, selon une étude de Robert Walters.

Cependant il faut rester vigilant pour ne pas entrer dans une uniformisation. L’algorithme de l’intelligence artificielle est programmé pour recruter les mêmes profils que ceux qui sont les plus performants. De ce fait, si dans votre entreprise les femmes réussissent mieux que les hommes, la tendance de recrutement sera en faveur des femmes.

Une sélection en amont par les algorithmes

Dans une optique d’optimisation et de contrôle des coûts, de nombreuses recherches ont été effectuées afin de développer davantage d’outils d’intelligence artificielle et notamment de matching. Les moteurs de recherche spécialisés dans les offres d’emploi utilisent ces algorithmes afin d’assurer la correspondance entre les candidatures reçues par les recruteurs et les qualifications demandées par les entreprises. Cette présélection peut constituer un gain de temps et prévient le risque d’avoir à trier de nombreuses candidatures qui ne correspondent pas avec l’offre d’emploi.

Les failles de l’intelligence artificielle

Bien qu’efficace dans de nombreux secteurs d’activité, l’intelligence artificielle comporte certaines limites. Dans le cadre du recrutement, les différents algorithmes utilisés connaissent des limites qu’il est essentiel de bien prendre en compte par soucis d’efficacité. Les deux principales à souligner concernent l’uniformisation et le risque de déshumanisation. En effet, il est possible de se calquer sur les préjugés effectués par les précédents recruteurs et donc de passer à côté de candidats potentiels. 62 % des candidats pensent que l’IA dans le recrutement présente un risque de déshumanisation ou de manque de personnalisation.

De plus, l’intelligence artificielle se focalise exclusivement sur les hard skills et donc sur les diverses compétences opérationnelles, techniques ou managériales qui sont mises en avant lors de l’analyse du CV par l’algorithme. Cependant, nombreuses sont les entreprises à la recherche de candidats qui possèdent les soft skills qui s’inscriront le plus dans leur culture.

Le recrutement est avant tout la réussite d’une rencontre et la part de l’humain est très importante.

Une récente étude Indeed menée par Harris Interactive nous confirme que 71% des Français feraient plus confiance à un humain plutôt qu’à une intelligence artificielle dans le recrutement de salariés aux compétences requises par l’entreprise. L’évaluation des soft skills ne peut pas être effectuée par un algorithme. Il est donc essentiel pour le recruteur de détecter et évaluer lui-même les qualités humaines du candidat qu’il reçoit en entretien pour soucis d’équité et afin de conserver le côté humain lié au recrutement.

Aujourd’hui la recherche d’expertises au détriment de potentiels engendre des difficultés de management et une perte de valeur ajoutée. Il est donc du devoir des recruteurs de veiller à toujours placer l’humain dans le processus de recrutement.

Carine Curtet

Carine Curtet est fondatrice de Pistache Conseil, un cabinet de conseil RH pour les entreprises, les salariés et les demandeurs d’emploi. Diplômée du MBA de Mc Gill University au Canada, elle a 20 ans d’expérience dans le domaine des ressources humaines: conseil, coaching, recrutement, reclassement et gestion de carrière.