Recrutement

Comment va-t-on vivre le travail ces prochaines années ?

Les robots vont prendre la place des humains, les travailleurs cumuleront plusieurs jobs, la réussite financière ne sera plus le critère principal… L’avenir du marché du travail, sous l’effet de plusieurs « forces », paraît à la fois incertain mais aussi très stimulant.

Quelles sont les dynamiques à l’œuvre ? Comment les talents (autant que les entreprises) façonnent le monde de demain ?

 

Si l’on jette un œil du côté de l’histoire, on peut remarquer que la baisse du temps de travail est une constante, et celle-ci n’a aucune raison de s’arrêter. Grâce notamment au numérique, les travailleurs gagnent en productivité de façon spectaculaire.

L’impact sur l’emploi est double : d’un côté, des métiers, aisément substituables par l’intelligence artificielle, sont menacés et pourraient à terme disparaître, de l’autre de nouvelles fonctions émergent mais concernent essentiellement certains profils aux compétences bien particulières.

L’automatisation des tâches fait bouger les lignes dans de nombreux secteurs. Dans les entrepôts, la réception, le stockage, la préparation des commandes et l’exécution peuvent désormais être pris en charge par des machines et des logiciels. Mais le secteur tertiaire est également concerné : il suffit d’observer l’expérimentation d’Amazon Go et son supermarché en self-service où la technologie permet de se passer des opérateurs de caisse.

Les professions dites “intellectuelles” ne sont aucunement épargnés. Ainsi, dans un monde où les algorithmes, alimentés par le big data permettront d’analyser une image médicale et produire le compte-rendu à la volée avec une fiabilité quasi absolue, quel deviendra alors le rôle du radiologue ? Va-t-il disparaître ? Sans doute pas mais son travail consistera alors probablement à se pencher uniquement sur les cas les plus complexes ou inédits, et à passer davantage de temps avec ses patients pour les accompagner psychologiquement.

Il est nécessaire de ne plus nier ces évolutions profondes et comprendre que le travail n’est pas en train de disparaître mais de se réinventer en profondeur.

 

L’emploi est un produit

Actuellement, les nouvelles générations contribuent activement à la refonte même de la notion de travail. Alors que leurs ainés cherchaient à intégrer une entreprise pour y suivre une progression linéaire et « tranquille », les Y et les Z exigent de la flexibilité et du sens. On les appelle même les slashers. Ils souhaitent du challenge, de la liberté et de l’autonomie. Si leur métier n’a aucun sens, ils sont prêts à le quitter. Aucune envie de faire partie des 91% de salariés français se sentant désengagés de leur travail[1]. Comment font-ils ? Ils ne snobent tout simplement aucune option : cumuler plusieurs jobs, changer régulièrement d’employeur, organiser librement leurs modes de travail… Ces caractères « volatiles et impatients » ont intégré l’incertitude du marché du travail français (40% des emplois sont précaires, selon les critères habituellement retenus) et il n’est pas question de se résigner…

En conséquence, l’emploi est devenu un produit. Les candidats le consomment. Par exemple, ils sont davantage attachés à leur développement (professionnel et personnel) qu’à toute autre considération basée sur des promesses d’évolution “de carrière”. Si l’entreprise n’accède pas à leurs requêtes (comme une responsabilisation accélérée et un environnement reposant sur la confiance), ils se remettent en chasse. D’après l’institut de recherche Indeed, Hiring Lab : 65% des personnes sont en recherche plus ou moins active d’un autre job dans les trois mois suivant leur embauche.

 

Nouvelles cultures

Il y a 20 ans, 75% des jeunes actifs voulaient être fonctionnaires. Aujourd’hui, 75% veulent être entrepreneurs. Peuvent-ils travailler « comme d’habitude » ? Certainement pas.

De nouveaux codes bousculent les politiques managériales et les environnements de travail des entreprises. Reparlons du slashing, cette tendance qui consiste à exercer successivement ou simultanément plusieurs métiers (ou fonctions). A gérer au quotidien, quel casse-tête !

Comment passer d’un monde ultra-processé, mono dimensionnel et linéaire (avec des fiches de poste très rigides) à un monde protéiforme où chaque travailleur cherche systématiquement à intervenir en dehors de son champ de compétences historique ?

Alors que le manager se sent un peu perdu, ces jeunes talents adoptent le concept de « l’incertitude joyeuse », soit la faculté à évoluer avec panache dans un environnement chaotique et sans visibilité. On entre définitivement dans le monde de l’agilité.

Désormais, le terrain (ceux qui font) est aux manettes. ​​Les nouveaux collaborateurs, intrapreneurs dans l’âme, entendent réaliser leurs projets hors de tout cadre oppressant ou trop contraignant. À leur rythme, avec leur style… Seraient-ce des individualistes et des égoïstes ? Absolument pas. La notion de collaboratif et le sens du partage sont extrêmement développés chez ces jeunes générations. Ils veulent apprendre des autres et ils sont également prêts à les aider. Ils repensent le lien au travail. Bref, ils repensent tout et redessinent les manières de travailler. Et si les entreprises ne les suivent pas, elles pourraient bien louper les talents dont elles ont besoin pour assurer leur nécessaire transformation et leur développement…