C’est quoi un patron aujourd’hui ?
En ce mois d’octobre, je fête mes 15 ans dans la vie active. A l’adolescence de ma carrière, j’ai le sentiment que rien n’est vraiment comme avant. Qui, en 2004, aurait imaginé pouvoir travailler facilement de chez lui ou que des évaluations annuelles pourraient se baser en partie sur les comportements ? Qui en 2004 aurait imaginé avoir en permanence dans sa poche un téléphone plus puissant que les ordinateurs des années 90 ? Le monde du travail a connu en moins de 20 ans une révolution. L’entreprise s’est transformée à tous les étages, au point que même l’image du chef d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celle d’hier.
Boss vs Coach
Relever les compteurs des KPIs n’a jamais vraiment permis d’améliorer la performance. Oui, c’est important de mesurer la productivité mais pas s’il s’agit juste de taper sur les doigts du collaborateur qui n’atteint pas ses objectifs. Générer de la crainte favorisera le turn-over, mais n’entraînera rien de bien productif dans une équipe. C’est en trouvant (ou en faisant trouver) des solutions que l’on réussit à motiver ses collaborateurs durablement et à accroitre leur niveau d’engagement et de performance. La méthode GROW est un bon outil pour une séance de coaching constructive : Quel était ton objectif (Goal) ? Quel a été ton résultat (Reality) ? Quelles étaient tes Options pour y parvenir ? Quelles actions vas-tu mettre en place pour réussir la prochaine fois (Way forward) ?
Présentiel vs flexibilité
« T’as pris ton aprèm ? » résonnait en 2004 dans la plupart des open-spaces quand un collaborateur osait partir à 18h. Cette mauvaise blague faisait culpabiliser le destinataire, qui restait par la suite plus tard au bureau. Mais que celui qui n’a jamais comblé les heures de fin de journée en réservant ses vacances jette la première pierre… A l’heure où le respect des temps de vie (pro vs perso) est sur toutes les lèvres, cela ferait presque sourire. Personnellement c’est après une mission en Grande-Bretagne que j’ai pu vraiment me libérer de cette culture du présentéisme ancrée en moi. Ici, tout le monde part avant 18h, du junior au membre du comité de direction. Le mieux pour éviter de culpabiliser, c’est de se concentrer sur la liste de tâches à accomplir dans la journée. La règle : définir les 3 tâches à boucler et quitter le bureau sans scrupule pour retrouver ses amis, sa famille ou aller faire du sport une fois celles-ci réalisées.
Rétention d’information vs transparence
La culture du secret a tendance à alimenter tous les fantasmes. Qui n’a jamais imaginé ses boss se « gaver » sur son dos ? Donner du sens, partager la vision de l’entreprise et être transparent quant à certaines difficultés permet de créer de la confiance. Alors oui, certains pensent que détenir des informations que les autres n’ont pas permet d’accroitre son pouvoir, mais est-ce vraiment le type de Manager que vous avez envie d’être, ou qu’on aurait envie de suivre ? Un exercice intéressant pour communiquer de manière ouverte et franche est de réunir son équipe et de les laisser vous poser toutes les questions qu’ils veulent. Si vous êtes honnête sur la plupart de vos réponses, vos collaborateurs comprendront aisément que certains sujets doivent rester confidentiels. Par expérience, si l’un d’entre eux devient accusateur, un autre volera à votre secours. C’est ce qu’on appelle le triangle dramatique (persécuteur, victime, sauveur).
Non, tout n’est pas parfait en 2019 mais la société, l’entreprise et les managers/leaders commencent à évoluer. Et même s’il reste beaucoup de chemin à parcourir concernant notamment l’égalité homme-femme, pour une fois on peut dire que non, l’entreprise, c’était pas forcément mieux avant !
- Covid-19, les managers sur le pont ! - 25 mai 2020
- Des premiers pas de Manager, sans faux pas - 4 mars 2020
- Management d’une personnalité difficile : mode d’emploi - 21 novembre 2019