L’Extended Worforce : une nouvelle tendance dans la gouvernance RH des entreprises

Pour être concurrentielles à l’avenir, les organisations devront pousser la gestion des talents au-delà des murs de l’entreprise pour inclure la nouvelle main-d’œuvre étendue, autrement appelée en anglais « extended worforce » : un réseau mondial d’entrepreneurs externes, de partenaires d’externalisation, de fournisseurs, de partenaires stratégiques et d’autres travailleurs indépendants.

Une nouvelle approche sur un marché de l’emploi en mutation

C’est la fin du travail tel qu’on le connait. Dans le futur, la compétitivité des organisations dépendra largement de nouvelles communautés d’experts. Le nombre de personnes qui prêtent temporairement leurs compétences et connaissances aux entreprises est ainsi en pleine expansion. Si beaucoup d’entreprises et de grands groupes n’ont pour l’instant rien mis de concret en place pour amorcer ce changement, certaines sociétés tentent des choses. Mais le résultat reste timide, car la plupart n’ont pas saisi l’ampleur de ce phénomène et se heurtent à une nouvelle conception du travail. C’est ce qui pousse les plus dynamiques à se tourner notamment vers l’entrepreneuriat et le freelancing.

Même au plus haut sommet de l’État, on tente d’inculquer cette culture start-up et flexibilité. Emmanuel Macron disait pendant sa campagne vouloir faire de la France une « startup nation » et les premières mesures mises en place (flexibilisation du Code du travail, etc.) vont dans ce sens. Les générations futures sont partie intégrante de ce changement majeur. Ce qui a été valable pendant des décennies auprès de la génération X ne l’est plus pour la génération Y. Obtenir un bon poste dans une grosse entreprise en CDI n’est plus un objectif à atteindre. Les chiffres appuient cette thèse puisque selon une étude Hiscox/Accenture, 93 % des milléniaux ne veulent plus d’un bureau classique et 60 % souhaitent de nouvelles formes de salariat. Il s’agit donc de se préparer à cette mutation et faire en sorte que le freelance/l’indépendant soit intégré à part entière dans l’entreprise. Ce qui est totalement en accord avec le concept d’entreprise étendue.

Si l’on devait résumer simplement ce qu’est l’entreprise étendue ou « extended workforce », on pourrait dire qu’il s’agit d’une combinaison de personnes qui mettent leurs compétences et leur expertise au service d’une entreprise, mais n’y sont pas employés. Ces personnes externes à l’organisation sont recrutées pour leurs compétences et connaissances spécifiques, mais ne sont pas salariées.

Quel est l’intérêt pour les entreprises de s’approprier le concept d’entreprise étendue ?

Tour simplement parce que c’est l’avenir du travail. Il ne s’agit pas de savoir si ce concept existe bel et bien, mais de mettre en place dès maintenant toutes les méthodes et outils pour amorcer la transformation vers l’entreprise étendue.

Au cours de la dernière décennie, les entreprises ont changé leur relation à la main-d’œuvre étendue. Au départ, les entreprises s’en servaient comme d’une réponse tactique à un besoin immédiat. Mais depuis quelque temps, elles commencent à faire de cette main-d’œuvre un élément-clé de la stratégie d’entreprise. Les entreprises qui ont réagi ainsi ont pu atteindre deux capacités concurrentielles des plus recherchées : l‘agilité et la flexibilité face à un environnement économique très mouvementé et l’accès à des talents hautement qualifiés et performants.

Ainsi, grâce à l’extended workforce, les entreprises peuvent s’adapter rapidement à l’évolution de la demande. Elles peuvent ainsi augmenter et/ou réduire leur personnel rapidement et efficacement pour répondre à l’évolution de la demande dans diverses régions du monde. La pression incessante pour innover et l’augmentation des emplois très qualifiés de niveau cadre signifient que le monde d’aujourd’hui est beaucoup moins prévisible qu’hier. Ainsi, les entreprises qui ont développé une plus grande agilité peuvent souvent surpasser la concurrence.

Enfin, les emplois seront peut-être remplacés par des projets ou missions. Et c’est là qu’interviennent le mode projet et le concept des « pizza teams », très en vogue dans les start-ups. Ce concept vient du PDG d’Amazon, Jeff Besos lui-même. Pour lui, la taille parfaite pour faire émerger un bon projet serait de huit personnes maximum. Pourquoi ? Dès que l’effectif de l’équipe ne peut plus se partager deux pizzas, cela signifierait que les membres sont trop nombreux. Il faut que les membres soient suffisamment nombreux pour que l’équipe soit créative, mais pas au point que la cohésion et la communication se perdent…

L’entreprise étendue pour les Départements Ressources Humaines

En tant que gardiens des stratégies de recrutement des talents de leur organisation, les RH vont devoir redéfinir leurs missions et leurs activités – et peut-être créer de nouveaux rôles comme le « Chief Freelance Officer » et de nouvelles structures organisationnelles pour maximiser la valeur stratégique de l’extended worforceAinsi, le « Chief Freelance Officer » pourrait gérer tout l’écosystème d’indépendants de l’entreprise et serait le garant de « l’expérience freelance ». L’« expérience freelance » serait de faire en sorte que l’indépendant soit pleinement intégré à l’entreprise, du moins aussi bien que les salariés, et participe aux mêmes décisions stratégiques qu’un employé.

L’entreprise étendue est une véritable révolution. Et elle est en marche.

On ne peut pas le nier. Les entreprises qui comprennent dès maintenant l’importance de ce phénomène, basé sur une hyper ouverture de l’entreprise et une collaboration des différents acteurs poussée à son maximum, auront un avantage stratégique dans le futur. Attention donc à prendre en compte cette approche innovante qui pourrait bien s’imposer comme un nouveau must have au sein des acteurs économiques.

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