Le « freelancing » a le vent en poupe
Il se crée de plus en plus d’entreprises en France. En 2019, plus de 815 000 sociétés sont nées (+18%), dont 386 326 micro-entreprises. Le « freelancing » a le vent en poupe, surtout auprès des jeunes et des cinquantenaires. Le verrou des banques et de la protection sociale freine le phénomène pour les autres.
C’est une tendance très nette. Le « freelancing » a le vent en poupe, particulièrement auprès de deux classes d’âge. De plus en plus de cadres de plus de cinquante ans n’ont plus envie d’un CDI. L’étude 2019 sur le management de transition réalisée par Delville Management auprès de 1 300 managers de transition montre que trois managers sur quatre refuseraient un CDI pour une mission de transition. L’un d’eux m’a dit : « il faudrait me payer très cher pour accepter à nouveau un CDI, c’est le prix de ma liberté », confie Patrick Abadie, président du cabinet Delville Management. De l’autre côté du spectre des âges, le nombre de créateurs d’entreprises chez les jeunes est en forte augmentation. Certaines grandes entreprises n’ont plus la cote auprès des jeunes diplômés, alors qu’il y a encore quelques années, elles attiraient par la sécurité d’emploi et les possibilités d’évolution de carrière qu’elles offraient.
Récemment, une grande entreprise du secteur pétrolier n’avait trouvé qu’un seul ingénieur issu d’une grande école pour un stage, pourtant bien rémunéré. Il a finalement renoncé, sous la pression de ses camarades de promotion, car on ne travaille pas pour un pollueur… Aujourd’hui, nombre de ces jeunes préfèrent monter leur entreprise ou se mettre indépendant : François Hollande l’avait déjà constaté. En 2016, il avait dit devant le Comité économique et social européen (Cese): « Les jeunes qui entrent dans la vie active auront probablement dans leur carrière plus de clients que de patrons. »
En milieu de carrière, en revanche, il y a deux freins importants. D’abord, celui des banques. Nombreux sont les cadres salariés qui souhaitent emprunter pour devenir propriétaire. Pour cela, les banques demandent les trois derniers bulletins de salaires. Ce qui est facile pour un salarié en CDI se complique pour un indépendant. Il faut alors fournir les trois derniers bilans, qui devront être évidemment positifs, assortis de garanties. La clé pour faire sauter ce verrou se trouve bien chez les banques. Le second verrou, c’est celui de la protection sociale. Les salariés bénéficient de l’assurance chômage, d’une retraite assurée et d’une protection santé. Permettre aux indépendants de pouvoir accéder à des droits équivalents en augmenterait le nombre.
Quand ces deux verrous auront sauté, nombre de salariés préféreront quitter leur entreprise, quitte à continuer de travailler avec elle, mais en tant que freelance. Selon l’étude Delville, les trois principales raisons pour devenir manager de transition sont, dans l’ordre, la recherche de challenges, la liberté et la diversité des missions. « Le recours à des freelances est courante dans l’informatique. Pourquoi un directeur financier, un DRH ou un industriel devrait-il être forcément salarié ? », s’interroge Patrick Abadie.
Dans ce contexte, le rôle des cabinets spécialisés en management de transition sera de plus en plus important, avec leur capacité à identifier la bonne personne en quelques jours seulement. Les freelances se multiplient à tous les niveaux hiérarchiques. Cette évolution de la société semble inéluctable et le management de transition n’échappera pas à la règle. Ce marché bénéficie déjà d’une image positive à 96%, en progression de 11 points depuis 2017, dévoile l’étude Delville. « La croissance du management de transition va s’accélérer dans les années à venir, prévoit Patrick Abadie. Les entreprises doivent s’y préparer. »
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