Les femmes en entreprise seront-elles un jour des hommes comme les autres ?

Les femmes ont depuis de nombreuses décennies investi graduellement le marché du travail à travers le monde. Pourtant, force est de constater que leur statut en entreprise est toujours bien différent de celui de leurs homologues masculins.

Dans son dernier rapport, l’OCDE[1] confirme trois points qui sont malheureusement devenus des vérités difficiles à faire évoluer dans la plupart des pays membres :

  • Les femmes sont davantage représentées dans des secteurs d’activité à faible rémunération où elles constituent la majorité des effectifs.
  • Les femmes accèdent toujours moins que les hommes à des postes à responsabilités.
  • Les femmes sont moins bien payées que les hommes.

Qu’en pensent les actives françaises ? Indeed a souhaité interroger les premières intéressées et a ainsi sondé plus de 1 000 femmes actives en France sur la réalité d’être une femme en entreprise en 2018.

 

France, 2018 : chacun à sa place et les moutons seront bien gardés ?

65% des femmes sondées considèrent que certains métiers appartiennent traditionnellement plus à un genre qu’à un autre.  Bien que 46% estiment que cette situation devrait changer, elles sont tout de même 19% à trouver normal que certains métiers ne soient pas exercés par des femmes (et inversement), et à ne pas aspirer à une évolution particulière sur ce sujet.

 

Femme et ambition professionnelle font-elles réellement mauvais ménage ?

Interrogées sur les raisons qui, selon elles, empêchent les femmes de gravir les échelons dans leurs carrières professionnelles, les sondées sont nombreuses à citer des facteurs sur lesquels elles n’ont pas de prise.

  • Sans surprise pour une écrasante majorité de femmes (79%), la maternité ou encore la suspicion d’une maternité future, représente le premier frein à l’évolution professionnelle d’une femme.
  • Pour 66% d’entre elles, le simple fait d’être une femme est un handicap notoire en entreprise.
  • Pour six femmes sur dix, il est difficile d’obtenir la confiance de leur direction quand il s’agit de postes à responsabilité.
  • Seules 8% des femmes estiment que le manque d’évolution de carrière découle d’un réel manque de compétence et 13% d’un manque d’ambition.

Encore aujourd’hui, il n’est pas si simple de conclure que tout le monde a les mêmes chances de réussite et d’épanouissement professionnel et encore moins que les compétences seules font la différence.

Les inégalités se jouent toujours aussi bien entre les murs de l’entreprise qu’au sein du foyer.

Plus d’une femme sur deux affirme gérer en majorité seule les tâches ménagères ou s’occuper des enfants.

Une femme sur cinq explique pouvoir demander de l’aide à son conjoint mais doit, quoi qu’il arrive, porter seule la charge mentale de son foyer au quotidien.

“Bien que les mentalités continuent d’évoluer, les schémas traditionnels ont la vie dure et continuent de régner de façon consciente ou inconsciente” explique Monika Queisser, Cheffe de la division des politiques sociales, au sein de l’OCDE.

“De nos jours, on constate encore qu’il est attendu des hommes un grand investissement au travail, notamment sur de longues plages horaires et qu’il est attendu des femmes une grande implication dans la gestion du foyer tout en menant de front une carrière professionnelle. En France, les inégalités entre hommes et femmes s’accentuent après l’arrivée d’un enfant. On constate que parmi les couples sans enfants, les femmes passent une heure de plus que les hommes sur les tâches ménagères, tandis que les hommes passent une heure de plus que leur compagne au travail. Après l’arrivée d’un enfant, le fossé se creuse davantage, passant à deux heures d’écart dans les deux cas”. Monika Queisser ajoute : “Ce déséquilibre crée un cercle vicieux et impacte l’image des femmes en entreprises.”

 

Dans toutes les sphères de notre société des initiatives voient cependant le jour dans le but d’équilibrer les responsabilités entre hommes et femmes.

 

La dernière en date, proposée au niveau gouvernemental par Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, concerne la possibilité d’allongement de la durée du congé paternité. 65% des femmes interrogées sont favorables à l’octroi d’un congé plus long pour les pères suite à la naissance d’un enfant.

Si nous voulons que les femmes prennent la place qu’elles méritent dans les entreprises, les hommes doivent également prendre la place qui leur revient au sein du foyer” explique Arnaud Devigne, Directeur Général Indeed France. “L’allongement du congé paternité pourrait effectivement être un premier pas dans le fait de reconnaître que s’impliquer pour un homme au sein du foyer, ce n’est pas uniquement une question financière. La maternité et ses suites ne devraient pas être vécues comme une épée de Damoclès ni par l’employeur ni par les employé(e)s. Beaucoup de choses pourraient d’ailleurs être mises en place pour faire en sorte que le retour de congé maternité se passe mieux. 86% des femmes estiment que des conditions de travail plus flexibles ou d’autres avantages proposés par l’entreprise permettraient aux mères de reprendre plus sereinement le chemin du travail après avoir eu un enfant”.

 

L’heure est au changement

Toutes les femmes n’ont cependant pas vocation à devenir mère et les difficultés engendrées par la maternité ne sont pas les seules rencontrées par les femmes en entreprise.

Les récents mouvements tels que #MeToo, #BalanceTonPorc ou encore Time’s Up ont fait trembler le tout Hollywood mais remettent surtout profondément en cause ce qu’il est normal ou non d’accepter en tant que femme au sein de la société actuelle et donc par ricochet au sein des entreprises.

  • 54% des sondées considèrent que ces mouvements largement médiatisés ont permis de libérer la parole dans les entreprises françaises en ce qui concerne les abus et agressions sexuelles.
  • Interrogées sur le sujet, 33% des femmes confirment avoir déjà été victimes de commentaires sexistes soit au cours de leur vie professionnelle quotidienne soit au cours d’un entretien d’embauche, tandis qu’une femme sur cinq a déjà subi une agression sexuelle dans le cadre professionnel.

 

Et pour la future génération ?

Le nerf de la guerre reste les inégalités salariales qui perdurent. Si des progrès sont effectivement enregistrés dans certains secteurs, les femmes actives sont loin de partager un optimisme débordant pour la future génération.

Moins d’une femme interrogée sur deux pense que la future génération de femmes sera rémunérée plus équitablement qu’elles ne le sont aujourd’hui.

 

 

Méthodologie

L’enquête a été réalisée auprès de 1006 Françaises actives représentatives de la population nationale féminine âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France entre le 16 et le 19 février 2018.

Définition du terme “agression sexuelle”: tout geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas, par manipulation affective ou par chantage.

 

A propos d’Indeed

Indeed est le premier moteur de recherche d’emploi au monde. Plus de 200 millions de personnes effectuent une recherche d’emploi, publient leur CV et recherchent une entreprise via Indeed chaque mois. Indeed est disponible dans plus de 60 pays, dans 28 langues et représente la première source de candidats pour des milliers d’entreprises.

 

[1] The Pursuit of Gender Equality, An Uphill Battle, OECD 2017

La Rédaction

La Rédaction

HR Voice, un Webzine RH dédié à ceux qui veulent comprendre, débattre, répandre, entendre et faire entendre ! L’ambition de HR VOICE est de faire l’actualité RH en ayant comme leitmotiv une ligne éditoriale exigeante et innovante. www.hr-voice.com