L’économie française menacée par une pénurie mondiale de compétences

D’ici à 2030, la France pourrait manquer de 1,5 million de salariés ayant les compétences adaptées aux besoins des entreprises

  • Selon une étude réalisée par le cabinet international Korn Ferry, la pénurie de compétences en France pourrait représenter une perte de revenus potentiels de 175 milliards d’euros d’ici à 2030, soit 6,5% de l’économie.
  • L’économie mondiale est tout autant menacée : la pénurie de compétences pertinentes devrait s’élever à 85 millions de travailleurs d’ici 2030, correspondant à un manque à gagner global de 6 900 milliards d’euros, soit les PIB de l’Allemagne et du Japon combinés.
  • Selon Korn Ferry, les entreprises qui sortiront mieux leur épingle du jeu seront :
  1. Celles qui investissent dans l’innovation : dans les technologies digitales, mais aussi dans des formats organisationnels et culturels permettant de travailler là où les compétences sont.
  2. Celles qui investissement massivement dans la formation, notamment car un certain nombre de compétences traditionnelles sont devenues obsolètes avec le digital, la mobilité, et le recentrage sur le client.
  3. Celles qui valorisent et développent la capacité d’adaptation et d’apprentissage des individus face de nouvelles situations et de nouveaux environnements.

Le déficit global de compétences adaptées aux besoins des entreprises ne cesse de s’accroître à travers le monde. Sans mise en place de solutions adaptées, la pénurie de compétences pourrait avoir un impact significatif sur les organisations et les grandes économies mondiales d’ici à 2030, d’après une étude de Korn Ferry (NYSE : KFY) publiée aujourd’hui. La France est particulièrement concernée par cette pénurie et pourrait se retrouver en proie à une crise de talents majeure.

L’étude The Global Talent Crunch de Korn Ferry évalue le déficit entre l’offre de compétences à venir et la demande dans 20 économies de premier plan à trois dates clés (2020, 2025 et 2030) et dans trois secteurs : services financiers, Technologies, Médias et Télécommunications (TMT) et industrie. L’étude définit trois niveaux de compétences distincts, en prenant le niveau de formation comme référence.

La France figure parmi les 4 pays les plus touchés par le manque de compétences adaptées aux besoins économiques

  • La répartition des compétences ne sera pas équilibrée d’ici à 2030 en France. Notre économie devrait connaître un surplus de plus de 1,7 million de salariés ayant un niveau de formation peu élevé. À l’inverse, 1,5 million de salariés hautement diplômés devraient manquer sur le marché du travail.
  • Le manque à gagner s’élèverait à 175 milliards d’euros, soit 6,5% de l’économie.
  • Le secteur des services financiers devrait être le plus touché avec une perte potentielle évaluée à près de 50 milliards d’euros d’ici à 2030 soit l’équivalent de 6% du secteur.
  • Le manque à gagner du secteur TMT en France pourrait atteindre 13 milliards d’euros (l’équivalent de 8,8% du secteur) et celui du secteur industriel 8 milliards d’euros (l’équivalent de 3,5% du secteur).

Face à des déficits de cette ampleur, un plan de développement des talents et une compréhension globale du vivier sont essentiels selon Pascal Gibert, DG de Korn Ferry France : « Avoir les bonnes personnes aux bons endroits et aux bons moments est le principal avantage compétitif pour une organisation. Chez Korn Ferry, nous aidons nos clients à recruter les dirigeants et les experts dont ils ont besoin pour mener à bien leur stratégie. Nous constatons depuis plusieurs années déjà que certains profils clés viennent à manquer, Page 2 sur 3 notamment dans les secteurs qui sont en forte croissance, c’est-à-dire les secteurs les plus stratégiques pour une économie. »

Les compétences humaines, irremplaçables par la technologie Avec la crise, les entreprises ont eu tendance à se focaliser sur les nouvelles technologies, la réduction des coûts et sur leurs employés à haut potentiel, en investissant trop peu dans la formation et dans le développement de l’ensemble des équipes. Les experts de Korn Ferry tirent donc la sonnette d’alarme.

« Il faut remettre les compétences humaines au cœur de la stratégie à long-terme des entreprises. Les bouleversements technologiques et économiques se font désormais très rapidement, mais les compétences et les connaissances des salariés n’ont pas suivi le même rythme et ne sont aujourd’hui plus en adéquation avec les besoins des entreprises », affirme Gérald Bouhourd, Managing Partner, responsable de l’activité Industrie au niveau mondial.

Les entreprises doivent donc aujourd’hui évaluer et former différemment leurs employés pour valoriser les profils les plus agiles et les plus aptes à apprendre continuellement. Une identification des compétences nécessaires à moyen et long terme et un plan de développement adapté sont donc indispensables pour garantir la performance d’une entreprise et assurer sa pérennité.

« La formation ne répond pas complétement aujourd’hui aux besoins économiques. Il existe encore trop souvent une muraille de Chine entre le système scolaire et monde de l’entreprise, qui peut empêcher le développement de cette agilité d’esprit et de compétences que recherchent toutes les organisations, » constate Frédéric L’Héreec, Senior Partner, expert en transformation des entreprises chez Korn Ferry France. « Il est encore possible d’éviter la catastrophe de la pénurie de compétences, si les gouvernements, les systèmes éducatifs et les entreprises travaillent de concert pour la contrer ».

 

Une pénurie qui menace tous les pays

  • L’Allemagne pourrait connaitre la pénurie la plus importante en Europe avec 4,9 millions de salariés hautement diplômés qui viendraient à manquer, soit un manque à gagner de près de 516 milliards d’euros d’ici à 2030 (14% de son économie). Le pays pourrait perdre son statut de puissance industrielle dominante.
  • La domination de Londres sur les marchés financiers est menacée – le Royaume-Uni pourrait être confronté à une pénurie de plus d’un demi-million de personnes qualifiées dans les services financiers. Le manque à gagner atteindrait près de 73 milliards d’euros d’ici à 2030, soit 7% du secteur.
  • Les États-Unis devraient d’ailleurs faire face à une pénurie de 6,6 millions de salariés ayant les compétences pertinentes (un manque à gagner de près de 1,4 milliard d’euros d’ici 2030).
  • L’Inde devrait être la seule économie à conserver un surplus de talents en 2025 et 2030. Quels secteurs touchés ?
  • Au niveau mondial, les services financiers seront les plus affectés par cette pénurie, avec un possible déficit mondial de 10,7 millions de travailleurs d’ici à 2030.
  • La production industrielle mondiale devra faire face à une pénurie de 7,9 millions de travailleurs en 2030, malgré un surplus de travailleurs hautement qualifiés en 2020 (en Chine et en Russie particulièrement).
  • Les progrès technologiques dans tous les secteurs de l’économie pourraient être ralentis par une pénurie mondiale de 4,3 millions de travailleurs adaptés aux besoins du secteur TMT d’ici 2030 (l’équivalent de 59 fois le nombre de salariés actuels chez Alphabet, la maison mère de Google). Les Etats-Unis seraient fortement touchés et risquent de perdre leur position de leader dans ce domaine.

 

À propos de Korn Ferry :

Korn Ferry est un cabinet international de conseil en gestion des talents et des organisations. Nous aidons les entreprises à définir leur organisation : la structure, les rôles et les responsabilités, mais aussi la manière dont elles rémunèrent, développent et motivent leurs employés. Nous les accompagnons également dans un autre domaine clé : la sélection et le recrutement des talents dont elles ont besoin pour exécuter pleinement leur stratégie. 7 000 collaborateurs sont au service de nos clients dans plus de 50 pays

La Rédaction

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