Ingénieurs et Techniciens : Pourquoi une telle déconnexion entre candidats et recruteurs

Les métiers techniques sont en plein essor ; le Syntec-Ingénierie prévoit d’ailleurs 27 000 créations nettes d’emplois d’ici à 2021[1]. Pourtant, la réalité du terrain en matière d’emploi et de recrutement se révèle complexe. Selon l’étude « Industrie : le nouveau visage du recrutement »[2] réalisée par Page Personnel, filiale de PageGroup, 70 % des candidats en recherche active ou en veille considèrent aujourd’hui avoir du mal à trouver un poste.

Avec cette étude, Page Personnel s’est intéressé au parcours et aux attentes des Ingénieurs et des Techniciens sur un marché de l’emploi particulièrement favorable aux candidats. Sont-ils en poste ? Souhaitent-ils en changer prochainement ? Comment se déroule leur recherche d’emploi ? Au travers des résultats obtenus et des échanges quotidiens avec les entreprises qui cherchent à recruter sur ces métiers, un réel décalage émerge entre les réalités des candidats, et celles des recruteurs.

Ingénieurs & Techniciens : un marché de l’emploi dynamique et identifié

Le baromètre du Syntec-Ingénierie publié en début d’année confirme que le secteur de l’ingénierie se porte bien : les entreprises prévoient de recruter 50 à 60 000 collaborateurs par an entre 2018 et 2021.

En face, les salariés sont conscients de cette dynamique positive : 86 % des répondants en poste affirment ainsi avoir été en recherche d’opportunité ou en veille dans les 12 derniers mois. 83 % envisagent même de changer de poste au cours de l’année à venir.

Malgré son dynamisme, le secteur de l’industrie peine à faire coïncider l’offre et la demande.

Une recherche d’emploi jugée difficile par les candidats

Malgré les nombreux besoins en recrutement exprimés par les entreprises sur les profils techniques, 70 % des candidats en recherche active ou en veille considèrent qu’il est difficile de trouver un emploi.

Dans le détail, 48 % des répondants qui ne sont pas en poste affirment être en recherche active depuis déjà plus de trois mois, et 16 % le sont depuis plus d’un an ! Un comble dans un marché en tension.

Les profils qui semblent le mieux tirer leur épingle du jeu sont les jeunes diplômés et profils moins expérimentés. En effet, 58 % des profils avec plus de 10 ans d’expérience sont en recherche depuis au moins 3 mois. Un pourcentage qui tombe à 39 % pour les profils ayant moins de 5 ans d’expérience. 

Comprendre la fracture : des différences de perceptions entre candidats et recruteurs

Paradoxalement, si 91 % des candidats en recherche d’emploi estiment avoir les compétences requises pour le poste recherché et 87 % les expériences significatives, ils sont près de la moitié (46%) à considérer que, s’ils ont du mal à trouver un emploi, c’est parce que leur profil ne correspond pas aux attentes des recruteurs. Comment expliquer ce décalage ?

«  Si les spécialités techniques sont toujours primordiales afin de séduire les recruteurs, ces derniers sont aujourd’hui de plus en plus exigeants sur la personnalité des candidats et leurs soft skills : ils cherchent de plus en plus des profils motivés, adaptables et autonomes. Des qualités personnelles qui transparaissent généralement lors de l’entretien. Or on note de manière générale, qu’à travers leur formation initiale, les profils techniques ne sont pas toujours suffisamment bien armés pour faire face aux exigences des processus de recrutement et ne maîtrisent pas forcément les codes de l’entretien d’embauche. Dans notre étude, près de 40% des profils techniques déclarent d’ailleurs ne pas être retenus après un entretien. ».

Tanguy Prigent, Manager Exécutif de la division Ingénieurs & Techniciens chez Page Personnel

Un constat que partageait déjà Isabelle Bastide, Présidente de PageGroup France dans son livre Le Recrutement Réinventé : « L’entreprise ne recherche plus seulement une personne capable d’effectuer une liste de tâches, mais une personne qui soit capable de faire différemment, de gagner du temps, de travailler de manière collaborative, de s’adapter rapidement à de nouveaux outils. Ce qu’elle veut, ce n’est pas quelqu’un se contentant de faire le travail, mais une personnalité capable de l’aider à comprendre comment le faire de manière plus performante, afin de remplir l’objectif. »

Isabelle Bastide, Présidente de PageGroup

Ainsi, développer les formations professionnelles pour travailler les « soft skills », sur un secteur où les compétences techniques priment dans la formation initiale, permettrait très certainement une meilleure employabilité du vivier de candidats. D’autant plus que ceux-ci sont preneurs de formations qualifiantes : 58 % des Ingénieurs et Techniciens citent les perspectives d’évolution et de formation comme critère dans le choix de leur prochain poste devant la rémunération (53%).

1] Étude réalisée par le cabinet EY pour le compte de l’OPIIEC (Observatoire Paritaire des Métiers du Numérique, de l’Ingénierie, des Études et du Conseil et des métiers de l’événement) de juin à décembre 2018.

[2] Étude réalisée par Page Personnel auprès de 653 répondants (ingénieurs et techniciens) en novembre 2018

La Rédaction

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