Emplois francs : questions à Saïd Hammouche, Président fondateur de Mozaik RH
Jacques Mézard, Ministre de la Cohésion des Territoires, s’est rendu lundi 5 mars à Cergy, pour lancer l’expérimentation des Emplois Francs en faveur des quartiers prioritaires de la ville (QPV).
A cette occasion, Saïd Hammouche, Président Fondateur de Mozaïk RH, cabinet leader du recrutement des diplômés de la diversité, exprime ici son point de vue sur cette mesure promise par le Président de la République.
Jacques Mézard, Ministre de la Cohésion des Territoires, vient de lancer l’expérimentation des Emplois Francs. Qu’en pensez-vous?
Je m’en réjouis. C’est une excellente initiative, à laquelle je souscris totalement. Les discriminations à l’embauche sont un des fléaux de notre société. Et l’inclusion économique, une urgence. Les recruteurs doivent comprendre que la diversité est une richesse pour les entreprises.
L’Observatoire National de la Politique de la Ville a constaté, en 2017, qu’il y a 3 fois plus de chômage dans les quartiers moins privilégiés pour les niveaux bac+2 et plus. Et, à diplôme égal, ces jeunes ont 2,5 fois moins de chances de décrocher un entretien que les jeunes des quartiers plus privilégiés.
Comment voulez-vous que les jeunes se sentent à l’aise dans un pays qui ne respecte pas son principe d’égalité républicaine ?
Que pensez-vous de la mesure en elle-même ?
C’est une mesure utile, mais insuffisante.
- Utile parce qu’incitative.
- Insuffisante parce qu’elle ne règle pas la question du sourcing.
C’est très bien d’inciter les entreprises à recruter ces candidats. Encore faut-il qu’elles sachent comment et où les trouver. En 2017, selon le Medef, plus de 400 000 offres n’ont pas été pourvues, faute de candidats identifiés !
C’est le cas en particulier des TPE-PME et des structures de l’ESS, c’est-à-dire de 99,9% des entreprises en France, qui sont créatrices d’emploi mais peu outillées pour identifier les candidats potentiellement discriminés.
Qu’est ce qui, selon-vous, n’a pas fonctionné dans la mesure initialement mise place par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ?
Les spécialistes évoquent des critères trop rigides et un manque de lisibilité.
J’ajouterais un élément essentiel : la proactivité. Au-delà de l’aide financière, il faut organiser, provoquer la rencontre entre les entreprises et les candidats, proposer aux recruteurs de nouveaux canaux de recrutement, différents des schémas classiques. Bref, changer la donne. Sinon, rien ne changera.
La nouvelle expérimentation devrait-elle fonctionner selon vous ? Et pourquoi? Qu’est ce qui change dans la méthode?
Aujourd’hui, le public cible a été élargi à tous les demandeurs d’emploi et le montant d’aide a été relevé pour être plus incitatif. Mais la méthode ne change pas. Il faut transformer les modes de recrutement : accompagner les entreprises et candidats, provoquer la rencontre. C’est le job quotidien de Mozaïk RH et nous savons à quel point cette démarche est incontournable.
Pourriez-vous nous citer des exemples d’initiatives réussies ?
Sur les Emplois Francs à proprement parler, il faudrait demander aux communes ou aux préfets.
Ce que je sais, c’est que la proactivité vers les entreprises fonctionne bien. Pour preuve : Mozaïk RH a provoqué 5 000 recrutements en 10 ans. Et les recruteurs, comme les candidats, s’en félicitent !
Le coût social de la non insertion des jeunes dans ces territoires ? Que peut-on en dire ?
- France Stratégie a estimé à 150 Mds d’euros le coût des seules inégalités d’accès à l’emploi et aux postes qualifiés
- Nous avons estimé, avec l’aide d’Accenture, que chaque recrutement d’un candidat représentait un gain pour la collectivité de 10 800 euros (recettes fiscales nouvelles + coût sociaux évités – chômage, RSA, etc.). Soit un bénéfice brut de 54M€ généré par nos actions depuis 10 ans.
Comment Mozaïk RH s’insère dans ce contexte ?
Nous soutenons cette initiative. Et nous nous tenons à la disposition du gouvernement, de Pôle emploi et des DIRRECTE pour organiser de façon proactive les rencontres entreprises/candidats.
En particulier, Mozaïk RH propose d’ouvrir son vivier de candidats qualifiés et de mettre à disposition son savoir-faire de 10 ans pour accompagner les recruteurs.
A propos de Mozaïk RH
Mozaïk RH est, en France, le premier cabinet de recrutement et de conseil en ressources humaines spécialisé dans la promotion de la diversité. Depuis sa création en 2007 par Saïd Hammouche et Estelle Barthélémy, Mozaïk RH a collaboré avec plus de 250 entreprises (des grands groupes aux PME) et généré plus de 5 000 recrutements de jeunes diplômés et profils expérimentés.
Mozaïk RH compte une quarantaine de salariés permanents, répartis sur 5 antennes : en Ile-de-France, en Auvergne – Rhône-Alpes, en Pays de la Loire, en Hauts-de-France et en Occitanie. Ceux-ci s’appuient sur plus de 3 000 points de contact dans les quartiers, en réseau avec des partenaires locaux à l’expertise territoriale forte.
Aux côtés du cabinet de recrutement, les fondateurs de Mozaïk RH ont développé 3 activités complémentaires : un Campus destiné à préparer les candidats à la recherche d’un emploi ; un service de conseil aux entreprises dans la définition et la mise en œuvre d’une politique d’inclusion économique ; ainsi que le Mozaïk Lab, une cellule d’innovation et d’ingénierie pour élaborer de nouvelles solutions d’inclusion et d’évaluation.
Enfin, la Fondation Mozaïk a été créé en 2015 à l’initiative de Mozaïk RH pour changer la donne en matière d’inclusion économique des jeunes diplômés des territoires moins privilégiés, avec comme membres fondateurs Accenture, Airbus Defence & Space, et Caisse des Dépôts.
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