À la recherche du sens perdu : des collaborateurs engagés mais pas au détriment de leur équilibre de vie
Le marché du travail aujourd’hui a retrouvé un certain dynamisme. Pourtant, il n’a jamais été aussi bouleversé. Nous assistons à la fin des modèles qui ont fait l’entreprise : les candidats recherchent du sens dans leur travail et les entreprises sont en pleine transformation. Face aux nouvelles aspirations des candidats et aux mutations des entreprises, le modèle traditionnel de recrutement n’est plus efficace. Ces transformations majeures et les réponses pour reconnecter les candidats et les entreprises sont développées par Isabelle Bastide, Présidente de PageGroup France dans le livre Le Recrutement Réinventé, disponible aux éditions du Cherche midi.
Des candidats en recherche de sens
La quête de sens, même si elle a toujours été importante se retrouve aujourd’hui en tête de liste des priorités des candidats. Elle se traduit par plusieurs questions : en quoi l’entreprise sert-elle la société ? Quelles sont ses valeurs ? Suis-je en phase avec ses engagements ? Les candidats sont aujourd’hui plus attentifs aux réalisations et aux engagements sociaux de l’entreprise là où ils s’intéressaient par le passé prioritairement au poste, aux évolutions possibles, à la rémunération et aux avantages annexes.
Une quête de sens permise par un marché de l’emploi porteur pour les cadres
Ces douze derniers mois, les rapports de force dans le recrutement ont changé. Cette tendance se fait ressentir auprès des candidats, selon l’étude menée par PageGroup « Les Français et l’emploi » 58 % des candidats considèrent que le marché du travail est bon, soit une hausse de 34 points par rapport à 2016. D’un marché de l’emploi, où les offres étaient inférieures à la demande, nous tendons aujourd’hui vers un marché où les candidats se comportent désormais en clients. Dans ce contexte, ce ne sont plus les entreprises qui choisissent les postulants mais bien l’inverse. Les recruteurs voient désormais des candidats refuser des propositions d’emploi parce que l’offre ne correspond pas à leurs envies ou par manque de visibilité sur l’ADN de l’entreprise.
Nous pourrions dire qu’en dix ans, nous sommes passés d’un entretien au cours duquel le candidat répondait aux questions du recruteur à des entretiens au cours desquels les recruteurs doivent répondre à de nombreuses questions de la part des futurs collaborateurs analyse Isabelle Bastide.
Une quête d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle qui ne touche pas seulement les millenials
L’aspiration à un meilleur équilibre entre les temps de vie est de plus en plus forte et déterminante pour les candidats. Les nouvelles générations souhaitent mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle et ne veulent plus se sacrifier pour leur emploi. Elles sont avides de flexibilité horaires : les nouveaux outils technologiques permettent d’ailleurs de gagner du temps et de travailler à distance.
Le présentéisme est de plus en plus mal vécu, les candidats n’hésitent pas à aborder les questions de charge et de conditions de travail lors d’entretiens et sont beaucoup plus exigeants et affirmés que par le passé constate Isabelle Bastide.
L’accent est beaucoup mis sur les millenials, mais le phénomène est beaucoup plus profond et touche désormais toutes les générations. Le cabinet PageGroup constate aujourd’hui une transformation du rapport au travail rendue possible grâce aux nouvelles technologies et un désir d’épanouissement au travail : trouver du sens dans son travail correspond à une évolution profonde et durable.
La donne a changé et « les nouvelles générations sont prêtes à s’investir à 150 % dans leurs missions si leur employeur leur permet de prendre du temps pour leur vie personnelle » analyse Isabelle Bastide.
Cette flexibilité raisonnée entre les salariés et les entreprises est d’autant plus importante que la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle est de plus en plus floue. Ce phénomène de blurring se généralise et une étude menée par Michael Page en novembre 2016 montrait d’ailleurs que 75 % des Français possédant un appareil mobile professionnel indiquaient travailler pendant leur temps libre. De nombreuses mesures permettent pourtant de contrer les effets du manque de déconnexion : selon l’étude 49 % des salariés ayant accès au télétravail estiment que cela a un impact positif sur leur équilibre de vie.
Des entreprises qui doivent s’adapter
Dans un contexte en pleine mouvance, les entreprises s’adaptent tant bien que mal aux nouvelles technologies et à leur essor, tout en essayant de comprendre comment attirer et retenir des candidats de plus en plus volatiles et exigeants. En effet, les turn-over importants des équipes ont décontenancé les entreprises et ces dernières cherchent à reprendre la main. Selon l’enquête « Millenials Survey » du cabinet Deloitte, près d’un millenial sur deux (43 %) songe à quitter son entreprise actuelle dans les deux prochaines années. Aujourd’hui, le rôle des services RH a beaucoup évolué, ils deviennent un intermédiaire pédagogique entre les candidats en pleine mouvance et les entreprises traditionnelles. La fonction RH ne peut plus se contenter des méthodes traditionnelles de recrutement : le fait de toujours choisir les élèves d’une même école ou de sélectionner uniquement des candidats ayant telle formation ou expérience n’est plus efficient. Les recruteurs recherchent aujourd’hui des profils et des personnalités qui sauront s’intégrer et s’adapter et dont les valeurs seraient similaires à l’entreprise. Les compétences comportementales ou soft-skills, la personnalité et la motivation sont également devenus des paramètres importants dans un recrutement pour assurer un bon placement et une fidélisation du collaborateur.
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