Réforme de la formation professionnelle, les priorités du gouvernement et celles des français
Depuis Octobre dernier, le gouvernement Macron a déclaré la guerre au système de formation professionnelle français. En ligne de mire, le fonctionnement du CPF et des OPCA qui devrait être réformé à partir d’avril 2018.
C’est un secret de polichinelle, Emmanuel Macron compte revoir de fond en comble le modèle social français. Si les ordonnances pour la réforme du droit du travail de septembre dernier n’ont été qu’une mise en bouche, le gouvernement ne compte pas s’arrêter là. RSI, CSG, système de retraite tout va y passer, mais pour l’heure l’apprentissage et la formation professionnelle sont à l’ordre des prochaines semaines. Un sujet qui a fait l’objet de propositions de la part des partenaires sociaux à l’exécutif le 22 février 2018.
Une réforme ambitieuse souhaitée par le gouvernement
C’est sans doute l’un des chantiers majeurs de la présidence Macron. Le 4 octobre dernier, le président lança les hostilités de la réforme en présence de sa ministre du Travail Muriel Pénicaud et du ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer. Ce déplacement à l’Ecole d’application aux métiers des travaux publics en Corrèze fut pour lui le moment d’évoquer la nécessité de la réforme. « C’est d’une bataille pour en finir avec le défaitisme français » avait-il déclaré.
Et il va falloir mettre la main à la poche pour la remporter, les moyens de celle-ci détaillés dans le « Plan Investissement Compétences » estime le chantier à 15 milliards d’euros sur cinq ans. La formation professionnelle revisitée s’adressera à deux catégories de la population : les chômeurs faiblement qualifiés et les jeunes décrocheurs. Au total, c’est près de 2 millions d’individus qui sont concernées par la mesure pour un objectif de 300 000 personnes ayant retrouvé un emploi d’ici 4 ans.
Formation professionnelle : tout un programme
Les pistes de réflexion de manquent pas pour le gouvernement. L’exécutif a d’ores et déjà annoncé différents champs d’action qu’il souhaite mettre en place.
En premier lieu, l’investissement dans la formation professionnelle. Le candidat Macron l’avait promis, le président agit. C’est bien 15 milliards d’euros investis sur 5 ans qui vont être déployés en priorité aux chômeurs de longue durée, aux décrocheurs et aux bénéficiaires du RSA.
Mis en place par le gouvernement Hollande depuis 2015, le Compte personnel de formation (CPF) est également dans le viseur. L’exécutif envisage de revoir son système de crédits en heures pour le faire passer en euros dans un premier temps. Mais la réforme du CPF va plus loin et souhaite supprimer les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA).
La qualité des formations des salariés est aussi l’une des préoccupations de la réforme. Pour le gouvernement la labellisation des organismes de formation est un moyen de la garantir. Ce programme prévoit une obligation pour les organismes de se soumettre à une labellisation et d’afficher leurs résultats. Un moyen radical pour trancher dans le vif et d’en réduire le nombre d’actuellement 75 000 en France.
Les français attendent beaucoup de la réforme
L’image pour la formation professionnelle demeure très positive pour les français. Et si les attentes sont nombreuses certains points ciblés sont largement prioritaires à leurs yeux.
A commencer par celui de l’alternance. Selon une enquête de l’institut BVA de février, 50% des sondés estiment qu’il faudrait augmenter le nombre de formations proposant ce type de cursus. Le projet de réforme envisage quant à lui une refonte totale de l’apprentissage.
L’autre axe prioritaire du futur projet de loi pour 40% des interrogés porte sur la création d’un site d’orientation recensant l’ensemble des formations accessibles via son PCF. Une idée totalement en accord avec ce que souhaite le gouvernement qui envisage la mise en place d’une application façon « Airbnb » de la « formpro » sur smartphone.
Une adéquation également existante entre le gouvernement et 40% des sondés sur l’idée de réserver des financements de la formation en priorité aux demandeurs d’emplois et aux personnes non qualifiés. Le « plan d’investissement des compétences » (PIC) prévoit la mise en place d’une contribution annuelle à hauteur de 0,3% de la masse salariale soit 1,5 milliard d’euros par an destiné à financer à hauteur de 50% les formations.
De la souplesse et de l’accompagnement
Contrairement à une grande majorité des français, la suppression du congé individuel de la formation (CIF) est l’un des objectifs prioritaires de l’exécutif. Ce premier couac pourrait bien à terme signifier le début des hostilités entre les partenaires sociaux et le gouvernement.
Autre divergence : le délai de réponse à une formation jugé beaucoup trop long pour 73% des sondés de l’enquête BVA. Sur ce sujet, les français attendent des résultats dans les négociations entre les partenaires sociaux et le gouvernement. Un échec pour l’heure puisque l’exécutif souhaite tout remettre à plat au contraire des partenaires sociaux qui n’envisage qu’une amélioration du dispositif existant.
La réforme de la formation professionnelle aura bien lieu. Le 5 mars, Muriel Pénicaud présentera son projet de réforme. Le « big-bang » annoncé par le gouvernement est loin d’avoir terminé d’alimenter les débats.
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