Carrière

Parcoursup : CV, LM et fiche Avenir : à quoi ça sert ?

La première année d’étude se solde souvent (60%) sur une réorientation, un abandon ou un redoublement. Un chiffre qui confirme les problèmes d’orientation que peuvent rencontrer les jeunes en France : les choix parmi les filières qu’ils peuvent suivre aujourd’hui sont les mêmes qu’il y a 20 ans. Pourtant de nouveaux métiers sont apparus avec des formations associées mais celles-ci sont très peu connues voire inconnues des étudiants ; des formations et notamment des filières professionnelles restent encore défavorisées ou oubliées.

Le choix de leur orientation se base donc sur des formations qu’ils connaissent et non sur celles dans lesquelles ils pourraient s’épanouir.

Alors que les étudiants peinent à trouver leur voie et se voient désemparés face à leur orientation, la nouvelle plateforme Parcoursup les oblige, cette année, à rédiger une lettre de motivation et parfois un curriculum vitae pour compléter leur candidature aux formations, même celles qui étaient jusqu’ici non sélectives.

Mais qui, à 17 ans, sait comment rédiger une lettre de motivation ou a suffisamment d’expérience pour réaliser un CV ? Et si on attend d’eux qu’ils mettent en avant les éléments qui démontrent leur motivation à rejoindre une filière donnée, comment vont-ils s’y prendre alors même qu’à ce stade ils n’ont pas nécessairement eu l’opportunité de travailler ou de faire de stages en lien avec leurs aspirations futures?

Un étudiant qui n’a eu d’autre choix que de faire des jobs d’été ne va donc pas être crédible s’il postule à une filière artistique ? Mais où est la pertinence de cette exigence ?

 

A 17 ans, que doit-on mettre dans son CV ?

On demande aujourd’hui aux lycéens de faire un CV. Que vont-ils bien pouvoir mettre en avant ? Leur travail d’équipier polyvalent au Mcdonald’s? Leur stage d’été ? Est-ce là des expériences significatives pour accéder aux formations rêvées ? La réponse est non.

Cet outil ne permettra pas à un élève de mettre en avant ses aspirations et ses motivations. Alors à quoi cela sert-il ?

Il n’est pas normal de demander à un étudiant de postuler à 17 ans comme l’on postule à 35 ans, d’être candidat à l’apprentissage.

Et pour ce qui est de la lettre de motivation, c’est exactement la même chose.

Au delà du manque de pertinence de ces nouvelles exigences, ce système peut creuser des inégalités entre les étudiants : il va avantager ceux issus d’un milieu social aisé qui pourront s’entourer des bonnes personnes pour les aider dans leur rédaction ou avoir un regard critique sur ces documents. A contrario, les autres, issus de milieux plus modestes, n’auront peut-être pas cette chance…

Cette nouvelle obligation peut provoquer une source d’angoisse chez les jeunes et leurs parents.

Conclusion : de plus en plus de parents font appel à des coachs scolaires. Un service assez onéreux qui coûtent une centaine d’euros : comment font les enfants qui n’ont pas des parents qui s’investissent ?

 

Quand les compétences passent avant les aspirations des étudiants

 Un dernier document s’ajoute aux deux cités précédemment : la fiche Avenir. Elle rassemble les avis des professeurs, les notes ainsi que l’avis final du proviseur concernant les vœux de l’étudiant. Au delà d’une appellation mal choisie, cette fiche ne représente que les compétences ou plutôt les performances d’un lycéen à l’instant T et non ses motivations et ses qualités. Un professeur connaît parfaitement les notes d’un élève, lui instruit des connaissances tout au long de son parcours scolaire, mais est-il en mesure de l’orienter et de décider de son avenir en se basant sur de simples notes ? Quant au proviseur : peut-il vraiment donner un avis sur les élèves, alors qu’il ne peut tous les suivre et les connaître ? Celui-ci se base le plus souvent sur un bulletin scolaire et l’avis des enseignants.

Combien d’élèves qui ne brillaient pas à l’école et en classe de terminale par leurs résultats réussissent en première année de faculté ? Beaucoup. Car s’ils ont eu la chance d’être bien orientés, ils se révèleront dans leur cursus.

Il est donc injuste de leur refuser l’entrée aux études supérieures de leur choix en ne se basant que sur leurs notes.

Quand on sait que 54% des étudiants redoublent la première année de faculté, il est important d’agir et de mieux les orienter. Il est nécessaire de mieux les informer sur les nouvelles formations créées et donc les nouveaux métiers : c’est le rôle de l’éducation nationale et des établissements scolaires.

Cela dit, le meilleur ambassadeur pour en parler reste l’étudiant qui est en train de faire cette formation ou qui l’a déjà faite : même génération, mêmes préoccupations, même vision du monde, etc.

Si les étudiants sont bien formés cela soulagera également les conseillers d’orientation des lycées car aujourd’hui, ils font plus un travail d’information que de conseils, ne pouvant pas connaître toutes les formations qui existent. Mieux connaître les centres d’intérêts pour mieux conseiller les étudiants.

 

Tous les étudiants ont développé un comportement « formaté » vis-à-vis de leurs parcours scolaires à cause des organismes spécialisés (ONISEP, etc.).

Au delà d’un enjeu économique, l’orientation est un véritable enjeu de société : nous devons tous mettre en commun nos compétences et arrêter de sacrifier les jeunes.

Camille Fromaget
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