Carrière

Ces DRH qui deviennent DG…

Faut-il aujourd’hui tolérer l’expression « RH business partner » ? Comme si, autrement, le DRH se trouvait à des années lumières de l’opérationnel ou du business ! Désormais, il est inutile de se « chamailler » sur le terrain sémantique. Pour cause, on ne peut que constater l’importance croissante de la fonction RH dans les organisations. Sa vocation ? Embarquer l’humain pour aligner les collaborateurs sur les enjeux business. A ce titre, elle devient un vrai candidat pour les directions générales !

 

Vous pouvez aller faire un tour sur Google, et vous allez rapidement constater une augmentation du nombre de DRH qui deviennent DG, de DRH qui passent directeurs opérationnels, mais aussi l’inverse, de directeurs opérationnels devenant DRH. Le regard sur la fonction RH est entrain de changer. Dans un contexte de transformation permanente, la composante humaine est plus que jamais critique : nouveaux modèles et environnements de travail, nouveaux leviers d’engagement, refonte des notions de performance ou de leadership… Ces dernières années, on peut relever plusieurs trajectoires très intéressantes : Tatsumi Kimishima, DRH de Nintendo qui devient PDG, Stéphane Roussel chez SFR qui passe également de DRH à PDG, Bernard Fontana chez ex-Holcim, ou encore Nonce Paolini chez TF1… Dans une interview aux Echos, ce dernier explique :

« En tant que DRH, j’avais par exemple vu des systèmes de décision compliqués, des empilages administratifs, et des organigrammes empêchant la part de créativité de s’exprimer. Quand je suis passé à la direction générale, j’ai voulu de la simplicité, aussi bien dans les rapports humains que dans l’organisation et les systèmes de décision. »

En aurait-on la preuve ?

Dans le cadre d’une étude, Ellie Filler, partner chez Korn Ferry, et Dave Ulrich, professeur à l’Université du Michigan, ont examiné les résultats obtenus par des directeurs généraux selon des traits de leadership regroupés en trois catégories : le style de leadership, le mode de pensée et la compétence émotionnelle. Leur conclusion est la suivante : à l’exception du DG, celui dont les traits ressemblent le plus au PDG est le DRH ! Cela cadre d’ailleurs parfaitement avec les nouvelles missions des directions, à savoir, selon la Harvard Business Review, « attirer les bons talents, créer la bonne structure organisationnelle et instaurer la bonne culture pour piloter la stratégie. » Cependant, il s’agit de nuancer les propos : selon les auteurs de l’étude, la personne ayant passé toute sa carrière dans les RH n’est pas forcément le bon candidat. En effet, il convient d’être passé à un moment par une fonction RH mais également d’avoir touché à d’autres métiers.

 

Impact

La fonction RH est traditionnellement attendue sur la rémunération, la conformité, la formation… Pourtant, c’est également du côté de la stratégie que la direction générale va se tourner vers elle. Président du Cercle de l’Excellence RH et actuel PDG de Gameloft, Stéphane Roussel estime que « contrairement à d’autres fonctions qui ont une feuille de route très cadrée, le DRH doit être capable d’aller hors-champ et investir des voies novatrices. » En effet, celui-ci est souvent le mieux placé pour sentir ce qui se passe dans l’entreprise et identifier les leviers d’engagement mais aussi les attentes des salariés en termes d’employabilité ou de culture d’entreprise.

« Quand on est DRH dans une société importante, on peut s’initier à la stratégie d’entreprise, à la prise de risques, à la compréhension d’un secteur d’activité. Cela m’a beaucoup apporté » poursuit Nonce Paolini.

Egalement, dès lors que doivent être mises en œuvre de nouvelles opérations ou activités, c’est bien le DRH qui peut fournir des éléments de contexte pour assurer le changement dans les meilleures conditions.

Romain Giry
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Romain Giry

Journaliste de formation, je me suis progressivement spécialisé dans les domaines RH, marque employeur, formation et éducation.