La reconnaissance au travail, un talent à cultiver dans les deux sens
La reconnaissance est un levier de performance économique dont l’importance n’est plus à démontrer. Elle est d’ailleurs largement plébiscitée par l’entreprise pour aider les managers à motiver leurs collaborateurs. En parlant des managers, les salariés formulent énormément d’attentes envers leurs responsables directs. Une de ces attentes concerne la reconnaissance donnée au salarié. L’enquête EDENRED-IPSOS de 2016 a mis en avant 3 grands indicateurs de bien-être au travail dont l’un concerne l’attention, telle que la considération portée de la part des managers à leurs collaborateurs et les pratiques managériales utilisées.
Là où le bât semble blesser, c’est justement le manque de reconnaissance que le manager reçoit lui-même en tant qu’individu. Maurice THEVENET a d’ailleurs écrit cette phrase, remplie de sens : « le mal-être au travail concerne aussi les managers » (‘La souffrance du manager’, Maurice THEVENET, 2012, RH Info, ADP). 5 ans après cette constatation, avons-nous réussi à affaiblir voire enrayer cette souffrance ? Rien n’est moins sûr. Le salarié a-t-il quelque peu conscience de sa responsabilité dans cette quête ?
Qui n’a jamais entendu ces phrases sortir de la bouche d’un collègue ?
- “Qu’est-ce qui se plaint lui avec son salaire de ministre et sa voiture de fonction toute neuve?”
- “Normal qu’il doive cravacher plus, c’est lui le Chef”.
Deux choses doivent nous faire réagir face à ses remarques :
- Le salaire n’est pas un élément suffisamment fort pour qu’un individu soit totalement épanoui, la qualité de ses interactions sociales dans l’entreprise jouant un rôle tout aussi fort, voire davantage.
- Le manager a lui aussi besoin d’entendre quelques « mercis » de temps en temps.
Il semble évident que les collaborateurs doivent aussi supporter une part de responsabilité dans le bien-être (ou le mal-être) professionnel de leur manager.
De la bienveillance réciproque ne fait de mal à personne.
La fameuse expression “être entre le marteau et l’enclume” empruntée à Stéphane BELLINI pour parler de la place qu’occupe les managers contemporains, en dit long. La plupart de ces managers n’a pas la tâche facile, loin de là. Ils doivent faire appliquer des règles qu’eux-mêmes ne comprennent parfois pas. Ils sont moralement fatigués et l’argent ne les fait pas pour autant dormir davantage (le matelas étant tout de même meilleur, mais encore là, pas toujours).
Si vous avez un manager juste au-dessous de votre tête, vous qui lisez ces lignes, sachez que vous ne passerez pas pour un fayot si vous osez lui exprimer un peu de gratitudes. N’hésitez pas à lui partager votre reconnaissance quant à la manière dont il a défendu son équipe lors du dernier Comité de Direction, ou quand il est resté, tout seul, boucler un dossier jusqu’à 22H pour éviter de mobiliser ses collaborateurs. Ne vous contentez pas non plus de penser des bonnes choses, ni même de les dire discrètement à votre collègue. Votre manager aura aussi besoin de l’entendre, c’est un être humain comme un autre.
Et si vous ne pensez rien de spontanément glorieux de votre manager, cela peut avoir deux explications :
- “Votre manager n’adopte effectivement pas une posture de manager et ne mérite donc pas votre reconnaissance”,
- “Vous n’êtes peut-être pas toujours objectif quand vous pensez à lui et aux difficultés qu’il rencontre dans son quotidien professionnel “.
Si vous optez pour cette seconde cause, prenez un peu de recul et demandez-vous : Que feriez-vous de mieux à sa place et comment ?
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