Bien être / QVT

Confessions d’un patron en tongs

L’été est arrivé et avec lui, quelques périodes d’intense chaleur. Des records de température ont été battus fin juin sur tout le territoire et à l’aune des plus récentes études sur l’évolution climatique, il va falloir s’habituer à ce que l’exceptionnel devienne ordinaire. Ce qui n’est pas sans incidence sur la qualité de vie au travail.

Dress code ou stress code ?

Une entreprise, quel que soit son secteur, du bâtiment au commerce, se doit d’être performante indépendamment des conditions météorologiques. Mais elle doit parallèlement veiller aux conditions de travail et au bien-être de ses salariés. Plusieurs solutions ont été largement commentées dans la presse en cas de canicule : adapter la tenue vestimentaire, mettre en place des horaires décalés, réorganiser les espaces de travail, favoriser le télétravail, installer la climatisation ou fournir des brumisateurs…

Quel salarié ne s’est pas dit, un matin alors que le thermomètre annonçait déjà 25°C, « je mettrai bien un short et des tongs pour aller au bureau » ? Une étude publiée par Monster sur la tenue vestimentaire adoptée au travail dévoilait en 2010 que si 81 % des salariés ne se voyaient pas imposer de « dress code » par leur entreprise, 58 % affirmaient néanmoins veiller à leur tenue vestimentaire afin de ne pas nuire à l’image de l’entreprise. Plus récemment, une enquête d’OpinionWay de 2015 précisait qu’en réalité les hommes se sentaient beaucoup plus contraints par le code vestimentaire corporate que les femmes (41 contre 28 %).

On le voit, le poids du conformisme reste très important : les salariés craignent de « nuire » à l’image de l’entreprise ou se sentent « contraints » par un carcan vestimentaire… Ils ne se sentent tout simplement pas libres de s’habiller comme bon leur semble. Et à mon sens, c’est un non-sens qui ne peut qu’entraver leur travail et leur sentiment de bien-être au quotidien !

 

Oser être soi-même

Considérées comme indécentes, les tongs ou claquettes sont bannies du lieu de travail. Mais elles ne sont pourtant pas interdites par le Code du Travail ! Personnellement, depuis que je les porte l’été, avec jean et tee-shirt, je m’en porte beaucoup mieux. Pourquoi ? Car je suis convaincu de m’être déguisé pendant des années. Dans mes postes précédents, j’étais très soucieux de l’image que je pouvais transmettre aux autres. Le conformisme me rassurait. Le costume et la cravate me permettaient de me sentir plus en confiance, « dans le moule ». Je pensais ainsi gagner en crédibilité. Pareil lorsque j’ai créé mon entreprise. Mais petit à petit, gagnant confiance en moi, je me suis détaché du regard des autres.

Dans l’enquête de Monster, un salarié interrogé sur 10 déclare porter une tenue plus décontractée le vendredi, le fameux « Friday wear » importé des USA ! Là encore, quel manque de naturel, de spontanéité. Pourquoi le vendredi seulement ? L’environnement professionnel ne doit pas devenir un théâtre où tout devient faux, où chacun joue un rôle. Notre culture française nous pousse à accorder trop d’importance au regard des autres. Nous en sommes victimes mais quelles que soient les tenues que nous portons, nous ne changeons jamais ce que nous sommes fondamentalement. Les costumes et les cravates des financiers n’ont pas évité la crise financière de 2008. Aujourd’hui, le conformisme nous impose des codes vestimentaires qui sont rarement alignés avec notre personnalité. Les startups et la Gen Y  l’ont bien compris. Les Millénials qui représenteront 70% des salariés en 2030, revendiquent déjà ce droit d’être plutôt que celui de paraître.

 

Notre objectif est d’être heureux et mieux chaque jour. Autant faire en sorte que le temps passé au travail se passe le mieux possible. L’entreprise est un lieu d’expérimentation. La mission du patron et de son département RH est d’aider chaque salarié à se sentir mieux dans son job et au final trouver le juste équilibre entre performance et bien-être. Pour se sentir bien, nous avons besoin d’être nous-mêmes. Et trop de conventions tuent la créativité. Notre valeur passe par ce que l’on est, c’est à dire notre personnalité, plutôt que par un code vestimentaire imposé.

Prenons le risque de nous enrichir de nos différences ! Prenons le risque de devenir nous-mêmes !

Pascal Grémiaux
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Pascal Grémiaux

En 2006 à Toulouse, Pascal Grémiaux fonde Eurécia, l’éditeur d’un logiciel 100% web de gestion administrative du personnel et de gestion des talents. L'objectif est simple : simplifier la gestion RH des TPE- PME. Aujourd'hui, Eurécia compte 800 entreprises et 80 000 clients-utilisateurs en France et dans 43 pays.